CF Montréal : une saison d’apprentissage, entre patience, promesses et frustration

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bilan fin de saison piette
Credit Photo : CF Montréal / X

La saison s’est terminée dans le froid, à l’image du constat : le CF Montréal n’a pas atteint les séries. Et pourtant, dans les vestiaires, les voix ne tremblaient pas de colère mais de lucidité. « Les performances y étaient souvent, mais pas les résultats », a résumé Samuel Piette, en secouant la tête. Ce bilan collectif, partagé à travers une série d’entrevues de fin de saison, sonne comme une autocritique sincère d’un groupe encore en construction.

Un club entre deux temps

Le mot « transition » plane depuis plusieurs mois au-dessus du CF Montréal. Le départ de Laurent Courtois, l’arrivée puis la confirmation de Marco Donadel comme entraîneur-chef : l’équipe a changé de visage, sans forcément trouver tout de suite son rythme.

« Marco, c’est quelqu’un de très préparé, très présent. Il passe ses journées au centre d’entraînement, du matin au soir, » confie le capitaine. « Son message est clair, précis, sans superflu. Dans un groupe jeune, c’est exactement ce qu’il faut. »

Donadel, ancien milieu passé par le Milan AC et la Fiorentina, a rapidement imposé une philosophie : pressing haut, jeu offensif, récupération agressive. « C’est une mentalité qui demande du courage, de la discipline, » poursuit le québécois. « On ne l’a pas toujours eue, mais on a vu les progrès. »

La constance, ce mot qui revient

Le terme « constance » revient dans presque chaque bouche. « Certains matchs, on se créait des occasions sans marquer. D’autres, on n’avait presque rien, mais on marquait quand même, » résume un cadre. « C’est frustrant. On n’a jamais réussi à tout aligner en même temps. »

Cette irrégularité a coûté cher : une série d’occasions manquées, des points échappés en fin de match, et une impression de ne jamais tout à fait se synchroniser. L’équipe a parfois brillé, souvent disparu. Et dans une MLS toujours plus homogène, cette marge d’erreur ne pardonne pas.

« On doit apprendre à tuer les matchs, » reconnaît Herbers. « Mettre nos premières occasions au fond. Être plus solides défensivement. Et surtout, ne pas dépendre d’un ou deux joueurs pour marquer. »

Les jeunes à l’épreuve du feu

S’il y a un motif d’espoir, il vient de la jeunesse. Jamais le CF Montréal n’avait autant fait jouer de jeunes talents — certains à peine majeurs — dans un contexte aussi exigeant.

« On avait des gars de 17, 18, 19 ans qui ont eu des minutes régulières, » explique un milieu. « Ce n’est pas le cas partout dans la ligue. Ces expériences valent de l’or pour la suite. »

Les plus jeunes parlent d’une saison « formatrice ». « J’ai trouvé mes repères sur le terrain, appris à gérer la pression et à lire les moments du match, » raconte G-Roache. « C’est une ligue physique, intense. Il faut apprendre vite. »

Même son de cloche chez Sealy : « J’ai gagné en maturité. Les convocations en sélection m’ont aidé à voir les choses autrement. C’est juste le début. Je veux revenir encore plus fort. »

Une saison difficile, mais pas vide

Les blessures ont aussi pesé, parfois dès les premières semaines. Samuel Piette écarté de longue date : « On a d’abord essayé la médication et le repos avant de penser à l’opération. C’est difficile d’être à l’écart, mais j’ai appris à écouter mon corps. »

Cette dimension invisible — la gestion physique et mentale — traverse tout le vestiaire. L’équipe a dû jongler entre voyages, changements de système et adaptation à une nouvelle méthode. Certains ont craqué, d’autres ont grandi.

« Dans une année difficile, il faut que tu apprennes, » dit Owusu. « Je l’ai vécu avant ici. Les saisons comme celle-là, elles t’endurcissent. »

Marco Donadel, l’homme qui pose les fondations

La confirmation de Donadel à la tête du club a été accueillie avec un mélange de respect et de soulagement. Le groupe semble convaincu que l’Italien a la vision pour bâtir dans la durée.

« C’est un coach exigeant mais juste, » raconte Pétrasso. « Il veut un football offensif, pas seulement pour gagner mais pour plaire. On a besoin de cette identité. »

D’autres insistent sur son approche humaine : « Il communique bien. Il te parle franchement. Il veut qu’on soit responsables de nos performances. »

Et le discours est clair : avec une vraie présaison et un effectif stabilisé, les attentes seront différentes. « Cette année, on a appris. L’an prochain, il faudra livrer. »

Entre passion et héritage

Thomas Gillier a livré l’un des passages les plus forts :


“Il y a ici tout pour progresser — infrastructures, terrains, conditions. Il faut maintenant garder la bonne mentalité et viser haut. Je ne sais pas combien de temps je resterai, mais je veux laisser une trace, un héritage.”

Le gardien chilien incarne bien cette génération de joueurs qui veulent construire quelque chose à Montréal — un projet plus grand qu’une simple saison.

Mentalité, travail, répétition

Dans presque chaque témoignage, on retrouve le même mot : mentalité.
« Même quand les résultats n’étaient pas là, on n’a jamais lâché, » souligne Sirois. « Chaque jour, on bossait : muscu, récupération, vidéo. On a suivi les consignes, gardé la volonté. »

L’idée d’un club qui travaille, qui grandit sans crier victoire trop vite, traverse tout le vestiaire. « Le sport ne garantit rien, » dit Piette. « Mais ce qu’on construit maintenant, ça finira par payer. »

L’avenir : entre confiance et exigence

Les regards sont déjà tournés vers janvier. Plusieurs joueurs blessés ou arrivés tard dans la saison voient la prochaine préparation comme une nouvelle page.
« Je veux arriver à 100 %, prêt à tout casser à Montréal, » dit l’un d’eux. « C’est là que tout commence. »

D’autres, plus jeunes, se projettent avec ambition :
« On sait que le club veut miser sur nous. À nous de répondre présent. »

Une saison en un mot

À la fin des entrevues, la même question revenait : « Si tu devais résumer la saison en un mot, lequel choisirais-tu ? »
Les réponses varient, mais le sens reste le même :

  • « Apprentissage. »
  • « Difficile.»
  • « Hauts et bas.»
  • « Processus.»
  • « Sous les attentes. »
  • « Constance. »
  • « Pas assez bon. »

Des mots simples, honnêtes. Des mots qui traduisent la frustration, mais aussi la conscience d’un groupe qui refuse de se mentir.

Le dernier mot : bâtir

Dans ce bilan collectif, pas de slogans creux ni de promesses démesurées. Juste une volonté : bâtir.
Bâtir une identité de jeu claire, une cohérence entre le terrain et les bureaux, une culture de travail qui dure au-delà des saisons.

« On veut redevenir un club compétitif, » résume Thomas Gillier. « Il faut répéter répéter répéter et ça, c’est un travail de tous les jours. »

À travers les mots de ses joueurs, la reconstruction du CF Montréal se dessine comme un chantier vivant, imparfait mais ambitieux. Les fondations sont posées — reste à voir si, cette fois, la patience portera enfin ses fruits.

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