Est-ce qu’une équipe africaine gagnera la Coupe du Monde ?

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Tous les quatre ans débute une nouvelle Coupe du Monde. A chaque veille de compétition, au moment de citer les favoris de l’épreuve, rares sont les observateurs à pronostiquer ou imaginer une victoire d’une équipe africaine.

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La cuvée 2014 n’échappe à cette règle, aucune n’aspire à la victoire finale. Malgré une qualité certaine, ils ne viennent pas à l’esprit directement. Ils sont cinq à défendre l’honneur du continent africain : Cote d’Ivoire, Nigéria, Ghana, Cameroun et Algérie. Premier constat, un seul pays du Maghreb et quatre d’Afrique noire. Doit-on pour autant tirer des enseignements de cette statistique? La réponse est non. Autre précision importante, les Africains qualifient cinq nations au Mondial quand l’Europe en envoie plus du double (12). Une certaine notion de l’égalité et de l’équité de la FIFA dirigée par le grand ordonnateur, Sepp Blatter… Si leurs fortunes sont diverses, elles auront le même objectif que les autres nations : représenter fièrement leurs couleurs et porter leurs sélections dans ce fameux dernier carré si difficile à atteindre.

Sur les cinq engagés, un seul paraît en mesure de se qualifier avec conviction pour les huitièmes de finale, la Cote d’Ivoire. Évidemment, il existe énormément de doutes vis-à-vis des Éléphants. Éliminés deux fois consécutives au 1er tour, les ivoiriens jurent avoir retenu les leçons de 2006 et 2010. La maturité de Yaya Touré, l’état de forme d’un Kalou, la technique de Gervinho, l’expérience de Drogba et l’envergure d’un latéral bourré de talent (Aurier de Toulouse) sont autant d’atouts qui pourraient permettre à la Cote d’Ivoire de faire rêver tout un peuple et justifier enfin les multiples éloges. Au contraire des deux derniers Mondiaux, le groupe dont ont hérité les Ivoiriens est abordable. Colombie, Japon et Grèce. Pas de quoi avoir des sueurs froides quand on a déjà affronté l’Argentine et les Pays-Bas en 2006 et le Brésil et le Portugal en 2010. La seule inconnue concernant cette équipe nationale est le niveau de sa défense. Kolo Touré fait bien ses 32 ans. Idem pour Didier Maestro Zokora et ses 34 ans. Enfin, le gardien Copa Barry n’a toujours pas de concurrence à son poste. Malgré certaines incertitudes, la Cote d’Ivoire a l’histoire devant elle. En cas de qualification pour le second tour, les Éléphants pourraient se voir pousser des ailes. Pour survoler la compétition? Le pays entier ne demande que cela.

Seconde équipe africaine, le Nigéria de Stephen Keshi. Champion d’Afrique des Nations 2013, les Super Eagles retrouvent peu à peu le niveau qui enchantait le monde entier dans les années 90. La génération actuelle est moins talentueuse que les précédentes. Moins de joueurs techniques, plus de physique et philosophie axée sur une défense solide sont les caractéristiques principales de ce Nigeria version 2014. Le gain de la CAN a donné confiance au groupe. Malgré des problèmes contractuels, Stephen Keshi est toujours en poste. Avec des joueurs qui évoluent dans de grands clubs (Mikel à Chelsea, Moses à Liverpool, Onazi de la Lazio, Ambrose du Celtic Glasgow, la doublette passée à Lille Odemwingie/Enyeama), on peut raisonnablement voir les nigérians passer la phase de groupes. Comptant dans ses rangs, un excellent finisseur Emenike de Fenerbahce, le Nigéria devra se méfier de la Bosnie-Herzégovine. Car pour la première place, on imagine mal les Argentins ne pas s’en emparer. Si les huitièmes de finale sont atteints, la perspective d’affronter les Bleus ravira probablement cette formation qui n’est jamais aussi forte que lorsqu’elle se retrouve dos au mur.

En troisième position de cette présentation du continent africain, le Ghana. Traditionnellement, les Ghanéens ont une énorme confiance en eux. Capables de rivaliser avec les sélections les plus talentueuses, les partenaires d’André Ayew ont l’effectif le plus homogène et qualitatif du contingent africain. De Kevin Prince Boateng à Kwadwo Asamoah de la Juventus, les Ghanéens ont les arguments pour être la meilleure formation Africain de ce Mondial 2014. Quart de finaliste de la dernière édition, le Ghana souhaite avant tout effacer de sa mémoire ce douloureux souvenir. Cependant, le Groupe E dont ils font partie est le plus relevé. Portugal, Allemagne, Portugal, on conviendra que l’on peut difficilement imaginer pire composition pour un groupe de qualifications. A la différence des autres groupes, les deux premières places qualificatives paraissent réservées aux Allemands et aux Portugais. Toutefois, pour justifier cette renommée, ces deux formations devront sortir le grand jeu pour écarter les black stars. Accra est en ébullition. Aux Ghanéens, d’offrir la récompense tant attendue par un peuple de connaisseurs.

Des cinq participants africains, la sélection camerounaise est la plus célèbre. Les exploits de 1990 ont marqué à jamais les esprits lors du Mondial italien. Cependant, depuis ce quart de finale, le Cameroun peine à vivre avec cet encombrant souvenir. Qualifiés pour leur septième Coupe du Monde en battant la Tunisie, ils ont assuré l’essentiel. Depuis la validation du billet pour le Brésil, l’entraîneur Volker Finke travaille ou plutôt compose avec l’influente fédération camerounaise. Car il est là le nœud du problème. Avec Eto’o, Song, Chedjou, Mbia, Nkoulou et Bedimo, les Lions indomptables ont les qualités requises pour se qualifier pour les huitièmes de finale. Toutefois, avec la rocambolesque affaire des primes non versées, l’interventionnisme systématique de Samuel Eto’o, une carence au poste de gardien et au centre du terrain, il paraît compliqué pour le Cameroun d’envisager de passer le premier tour. Mais si Samuel Eto’o ne se concentre que sur ses propres performances et joue simple comme il sait si bien le faire en club, alors les Camerounais peuvent croire à un été positif pour leurs lions.

La dernière équipe du continent africain est le seul représentant du Maghreb. L’Algérie participe à sa quatrième Coupe du Monde. Si le bilan historique dans cette compétition est assez pauvre avec seulement deux victoires en 9 matchs, les Fennecs souhaitent écrire une nouvelle histoire. Vahid Hallilodzic est arrivé en juillet 2011. En l’espace de trois, il a testé 75 joueur issus du championnat local ou évoluant en Europe, Coach Vahid a pris le temps pour bâtir son groupe. Avec de remarquables joueurs offensifs dont Sofiane Feghouli de Valence, Nabil Ghilas de Porto et Islam Slimani du Sporting, les Fennecs peuvent marquer à tout moment. Le bémol est pour la défense. Avec un gardien sans véritable expérience internationale et des défenseurs généreux, mais limités, il sera difficile de ne pas encaisser de buts. Les milieux Taider, Yebda, Lacen et Bentaleb renforcent l’idée de départ que l’Algérie peut être la belle surprise de ce mondial. Depuis 1990 et sa seule et unique CAN, les Fennecs ont envie de prouver aux yeux du monde qu’ils sont bel et bien un grand pays de football africain.

Après ce gros plan, les paris sont ouverts pour savoir qui ira le plus loin. Si à la lecture de cette présentation, aucune d’entre elles n’a de véritables chances d’y aller, un continent passionné de foot comme l’Afrique mérite que ses représentants mouillent le maillot pour qu’enfin, un pays africain finisse par remporter ce célèbre trophée…