FC Supra du Québec : Mateo Cabanettes veut supporter le talent québécois

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Mateo Cabanettes, nouveau directeur sportif du FC Supra Du Québec entre dans l’échange avec simplicité, mais aussi avec le poids d’un projet qui dépasse sa propre nomination. Il ne vient pas « annoncer une nouvelle » : il vient raconter la naissance d’un club pensé pour changer la trajectoire du soccer québécois.

“J’aime partir de zéro et bâtir”

Quand il explique pourquoi il a accepté le projet Supra, sa réponse ne souffre aucune hésitation.
« C’est un projet sur le long terme. J’aime partir de zéro et bâtir. »

Cabanettes revient sur ses années à Saint-Laurent, où il a contribué à hausser les standards de la Ligue1 Québec. Les matchs amicaux contre des équipes professionnelles, les nouvelles méthodes de préparation, l’exigence progressive… Tout cela a renforcé sa conviction qu’un véritable projet de développement devait aller plus loin.

Le constat : un seul club pro ne suffit plus

Depuis des années, il observe le même phénomène : des générations entières de joueurs québécois talentueux, mais peu de portes d’entrée vers le professionnalisme.
« Un seul club professionnel au Québec, ce n’est pas assez. »

Il affirme cela calmement, comme une évidence. Selon lui, la province possède trop de talent et trop de potentiel pour rester dépendante d’un seul point d’accès. Le Supra s’inscrit donc dans une logique de complémentarité, pas de concurrence.

Un projet communautaire avant tout

Cabanettes insiste sur la dimension collective du projet.
« Ce n’est pas un projet de quartier, ni d’un seul club. C’est un projet pour tout le Québec. »

Il évoque souvent le modèle basque : un club professionnel qui collabore étroitement avec ses clubs amateurs. Lors des essais, chaque organisation devait envoyer ses cinq meilleurs U17 ou jeunes talents identifiés. Les dirigeants ont découvert des joueurs de 2005, 2009, même 2010, capables de rivaliser.

L’objectif est clair : créer un écosystème où le club pro devient une extension naturelle du travail des clubs formatifs.

Des joueurs, mais d’abord des humains

Le profil recherché ne se résume pas à des critères techniques.
« On cherche d’abord l’humain », répète-t-il.

Le Supra veut des joueurs qui comprennent qu’ils représentent quelque chose de plus large qu’eux-mêmes : leur club formateur, leurs quartiers, leurs écoles, leurs communautés. Des joueurs capables de s’investir dans des initiatives sociales et éducatives.
Une identité qui transcende le simple terrain.

Remplir le stade : l’objectif émotionnel

Interrogé sur ce qu’il aimerait réussir avant le premier match d’avril, Cabannettes ne cite ni un recrutement précis ni une avance tactique.

« Le stade doit être plein. »

Pour lui, l’adhésion populaire représente le premier vrai test du projet. Il sait qu’au Québec, la culture supporter est encore en construction.
Un joueur lui avait confié : « Ici, on a des spectateurs mais pas encore des supporters. »

Le Supra veut aider à transformer cette réalité en donnant aux gens un rendez-vous régulier, authentique et stimulant.
Le créneau du vendredi soir est sérieusement envisagé : une façon de contourner la congestion du samedi et d’offrir une soirée “soccer” hebdomadaire.

Un centre de performance moderne pour stabiliser le club

La construction du nouveau centre de performance à Bois-de-Boulogne est un symbole fort. Vestiaires entièrement neufs, salle de physio, gym complet, bureaux, salles de réunion, espace média… tout a été pensé pour offrir aux joueurs un environnement professionnel digne des meilleures organisations.

Pour Cabanettes, ce type d’infrastructure change l’ADN d’un club :
« Ça envoie un message clair. On fait les choses sérieusement. »

Recrutement : un engouement massif

Le processus de sélection montre l’ampleur de l’intérêt suscité par le Supra. Plus de cent CV d’entraîneurs ont été reçus. Une dizaine seulement ont été retenus comme candidatures de haut niveau.
Côté joueurs, une vingtaine ont franchi la première ronde, en plus d’invitations ciblées envoyées à des semi-pros déjà repérés.

Les jeunes identifiés par leurs clubs ont également impressionné.
« On est vraiment dans une nouvelle génération », dit-il en parlant des U17 et U19 observés.

Redonner une place aux clubs amateurs

L’un des points les plus sensibles abordés est la question de la redistribution financière. Cabanettes raconte que lorsqu’il était à Saint-Laurent, quatre joueurs sont passés professionnels en 2024 sans que le club ne reçoive aucune compensation.

« Les clubs formatifs doivent être valorisés. »

Il propose une vision simple : si un joueur passe du Supra à un niveau supérieur, une partie des revenus liés à sa progression devrait être reversée à son club d’origine. Pas seulement en matériel ou en visibilité, mais en soutien concret.

Le Supra dans deux ans : une identité claire

À la question de savoir à quoi ressemblera le Supra dans deux ans, Cabanettes sourit avant de répondre plus sérieusement.

Il imagine un club « honnête, transparent, ancré dans la société ».
Un club qui transmet, qui inspire, qui crée de la passion chez les jeunes.
Un club qui joue un « football champagne », un style assumé, généreux, technique, à l’image du Québec qu’il veut représenter.

Un enjeu qui dépasse le terrain

À travers ses mots, une conviction se dessine : le Supra ne se limite pas à un projet sportif.
C’est un projet culturel.
Un projet social.
Un projet identitaire.

Il vise à combler un vide structurel, à offrir des voies professionnelles, à rassembler les clubs amateurs, à élever la culture soccer et à offrir au public un lieu où se reconnaître.

Si la construction d’un club est un défi immense, Cabanettes semble croire que le Québec est prêt pour cette transformation.
Et si l’on observe l’enthousiasme autour du Supra, ce rêve a déjà commencé à prendre forme.

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