Le match du rachat. Pour les deux formations, cette rencontre s’apparentait à une dernière chance. Certes les oppositions initiales n’étaient pas les mêmes pour le Nigéria et la Bosnie Herzégovine. Si les Africains y avaient affronté le petit poucet, pas si petit d’ailleurs, les Bosniens s’étaient pris d’entrée l’orge argentine. Mais sur plan mathématique, le constat était clair et limpide pour les deux sélections : gagner.
Pour y parvenir, le sélectionneur nigérian Stephan Keshi avait opté pour le schéma en 4-2-3-1 au détriment du 4-3-3 habituel avec notamment trois changements. Yobo remplaçait Oboabona alors que Moses et Azeez, transparents face aux Iraniens, étaient écartés au profit de Babalunda et Odemwingie. En pointe, Emenike comme à son habitude. Safet Susic, le coach de la Bosnie-Herzégovine lui ne changeait pas son schéma de base en 4-2-3-1, mais Medjunanin et Kolasinac n’étaient pas reconduits. Sunjic et Medunjanin en profitaient. Autre ajustement, Lulic reculait au poste de latéral gauche.
Le match partait sur un rythme enlevé. Emenike se signalait d’entrée. Un coup franc d’Odemwingie au-dessus lançait les Nigérians. Réagissant principalement sur coups de pied arrêtés, la Bosnie n’était pas réellement inquiétée. À la vingtième minute, Misimovic lançait Dzeko dans le dos de la surface nigériane. Face à Enyeama, il ne manquait pas l’occasion de tromper le gardien du LOSC. Cependant, un hors jeu imaginaire invalidait le but. Frustrés par cette injustice, les partenaires de Pjanic appuyaient sur l’accélérateur. Encore, Dzeko qui partait défier Enyeama, mais cette fois le portier s’interposait. Alors qu’ils souffraient depuis plusieurs minutes, les Super Eagles allaient débloquer le match en inscrivant un but sur un magnifique travail d’Emenike conclu d’un centre en retrait parfait pour Odemwingie. Ce dernier ne se faisait pas prier pour ouvrir la marque. 1-0. La suite de la première période était plus poussive, les Bosniens enchaînaient les frappes lointaines, mais sans grand succès. L’arbitre sifflait la pause sur ce score de 1-0 pour le Nigéria.
La seconde période reprenait sur une nouvelle frappe de Dzeko non cadrée. Toujours maîtres du ballon, les hommes de Safet Susic pêchaient dans le dernier geste. Conscient que son équipe manquait d’inspiration, le sélectionneur faisait rentrer Ibisevic, buteur face à l’Argentine, à la place de Hajrovic assez effacé. Emenike faisait toujours aussi mal aux défenseurs adverses avec ses démarrages et sa facilité technique. Sur un bon mouvement de Babalunda, le gardien Begovic s’interposait devant ce même Emenike. Le match restait ouvert avec une envie identique de gagner de chaque côté, mais l’énergie commençait à manquer. Onazi envoyait un missile de 25 mètres que Begovic sortait brillamment. Dans les arrêts de jeu, Pjanic lançait Dzeko au duel avec Omeruo. L’attaquant se défaisait du Nigérian et frappait en pivot. Enyeama mettait sa jambe en opposition et la balle finissait sur le montant du gardien. Le score ne bougeait plus. 1-0 en faveur du Nigéria.
À l’issue de cette rencontre, le premier enseignement à retenir est que le Nigéria a fait un grand pas pour la qualification en remportant cette rencontre. Avec désormais quatre points, il leur suffit d’un match nul contre une Argentine déjà qualifiée pour passer le tour suivant. Si Odemwingie a été décisif grâce à sa réalisation, l’homme du match pour le Nigéria aura bien été Emmanuel Emenike. Puissant et costaud, il a donné le tournis à Spahic et compagnie. Également intéressant, Babalunda sur son côté a beaucoup provoqué. Le milieu de terrain Onazi-Obi Mikel a fait oublier le match face à l’Iran. Enfin, la défense a été cohérente et solide autour d’un Joseph Yobo autoritaire. Mention spéciale à Enyeama qui a sauvé son équipe à plusieurs reprises.
Annoncé comme possibles outsiders, les Bosniens quittent le Mondial sur cette défaite. Le but refusé injustement pour hors-jeu restera longtemps dans les têtes et sur toutes les lèvres. Cependant, il a manqué d’expérience à cette formation pour ne pas trébucher aussi tôt. Individuellement il y a eu des manques. La défense a semblé lourde. Les milieux ont gardé le ballon, mais ont semblé très souvent incapables de faire le bon décalage quand il le fallait. Pjanic n’a pas eu le rendement qu’on lui connaît à l’AS Roma. Dzeko n’a pas inscrit de but, sa performance et par conséquent sa Coupe du Monde sont forcément décevantes.
À l’issue de la première rencontre, on doutait du niveau du champion d’Afrique en titre. Le match de ce soir a permis de remettre quelques pendules à l’heure. Sans avoir été génial, le Nigéria s’est pratiquement qualifié dans un groupe pas simple. Si leur deuxième place se confirme, un huitième de finale contre la France est envisageable. À suivre…