Le contexte

Ce soir, la CAN 2015 nous a offert une affiche digne d’une finale. Entre des ivoiriens un peu poussifs dans leurs rencontres de groupe et des algériens à réaction, l’écart était infime pour ne pas dire nul avant le coup d’envoi. La perspective d’atteindre le dernier carré animait tous les esprits, sachant que le vainqueur rencontrera la RD Congo. Autant dire, qu’il y a la place pour le vainqueur de ce soir de poursuivre l’épopée jusqu’en finale…

Pour déstabiliser la sélection de Christian Gourcuff, Coach Hervé Renard avait opté pour un mythique 3-4-3 interchangeable en cours de partie. Gbouho dans les buts, ligne de 3 défensive Bailly, Touré et Kanon. Sur les cotés, Aurier et Tiené. Au cœur du jeu Yaya Touré et Serey Die pour alimenter le trio offensif Gervinho, Bony et Gradel. Pas de faux semblant, cette équipe avait fière allure et surtout, avait de quoi poser beaucoup de problèmes à la défense des Fennecs.

En face, le 4-2-3-1 de l’Algérie n’était pas une nouveauté. En l’absence de Slimani, pas capable de tenir 90 minutes, Soudani était aligné avec en soutien Mahrez, Feghouli et Brahimi en  9 et demi. Taider et Bentaleb au milieu. Rien de neuf pour le quatuor défensif. Mandi, Ghoulam sur les ailes et Bougherra-Medjani dans l’axe central.

Le match

Dès les premières minutes, l’Algérie mettait le pied sur le ballon. Ghoulam puis Brahimi et Soudani faisaient passer des frissons à une défense ivoirienne un peu fébrile. Petit à petit, les ivoiriens sortaient la tête de l’eau. A la 13ème minute, Gervinho centrait en retrait dans la surface pour Bony et Gradel, cependant ni l’un ni l’autre ne touchait le cuir. Le match s’emballait doucement. Le temps pour Hervé Renard de se faire rappeler à l’ordre pour le port de sa chemise blanche. Et oui les algériens jouaient en blanc. Cherchez le rapport… En tout cas, le coach finira avec un chasuble mauve sur sa chemise. Une certaine idée de la mode et du style selon les arbitres de la rencontre… Gradel s’essayait à la frappe de loin, sans succès. Puis sur un coup de pied arrêté, Aurier seul dans la surface plaçait une tête que M’Bolhi ne pouvait repousser. Néanmoins, le poteau était bel et bien là pour repousser l’essai du parisien. Toujours 0-0 mais le match devenait alerte.

Dans la continuité, sur une belle combinaison sur le coté droit, Gradel centrait en direction de Bony. Oublié par Bougherra ou bien démarqué, c’est au choix, le néo joueur de Manchester City catapultait le ballon dans les cages algériennes. 1-0. Les hommes de Gourcuff ne perdaient pas le fil de la patrie et ils continuaient de combiner et proposer du jeu. Mais, cela était plus que stérile. Car sur cette fin de première période, on ne retiendra que la frappe de Ghoulam sur coup franc. Le reste était brouillon dans le dernier geste plus particulièrement.

L’équation était complexe pour les fennecs. Comment déstabiliser un bloc bien compact ? Le début de deuxième période reprenait sur le me tempo. Et sur un ballon gratté par Soudani face  à Kolo Touré, Mahrez récupérait le ballon et glissait de nouveau à Soudani. Beau contrôle et frappe du gauche de ce dernier, Gbohouo s’inclinait. 1-1. Portés par cette égalisation soudaine, l’Algérie continuait d’appuyer. Feghouli avec Brahimi tentaient un petit festival dans les seize mètres ivoiriens. Sans réussite.  On venait de dépasser l’heure de jeu quand Brahimi frappait dans la surface. L’essai du joueur du FC Porto se transformait en offrande pour Soudani. A deux mètres des buts, Gbouhouo sauvait les siens au prix d’un arrêt énorme. Le tournant du match…

69ème minute. Coup franc excentré pour Yaya Touré. Le joueur de City trouvait de nouveau Bony de la tête. Comme en première mi-temps, l’attaquant ne laissait aucune chance au portier algérien. 2-1. Contre le cours de cette seconde période, la Cote d’ivoire reprenait l’avantage. Contraints à réagir immédiatement, Gourcuff sortait coup sur coup Soudani et Mahrez pour Belfodil et Slimani. Les occasions se multipliaient mais sans réussite pour les fennecs. A l’inverse, les ivoiriens semblaient totalement contrôler le match. Comme si, subir faisait partie de leur plan du soir… Slimani par deux fois et Ghoulam tentaient de forcer la décision. En vain. On venait de rentrer dans le temps additionnel, quand le dernier entrant ivoirien, Tallo partait de sa moitié de terrain à la suite d’un contre. Il servait Gervinho sur un plateau dans la surface de réparation. Le joueur de l’AS Roma convertissait le cadeau en but. 3-1. Le coup de sifflet final pouvait intervenir…

L’analyse

Avec quatre buts inscrits, des rebondissements, des actions de classe, un arbitrage de qualité et une pelouse digne de ce nom, ce quart de finale aura été un succès sous bien des aspects. Une sorte de belle publicité pour le continent. Encore plus après le fiasco d’hier…

En s’attardant sur les statistiques, on constate que la maîtrise du ballon était en faveur de l’Algérie. Avec plus de 60% de possession, les hommes de Gourcuff ont bien fait tourner le ballon. Plus de 460 passes pour un taux de réussite de 83%, 27 centres tentés quand leurs adversaires du soir en ont tenté plus de deux fois moins. Même les tirs sont à l’avantage des fennecs. Cependant, dominer n’est pas gagner. Bien jouer n’est pas synonyme de victoire. Si les stats ne sont pas à l’avantage des hommes de Renard, il faut juste mettre cela sur le réalisme mais aussi sur la maturité de certains cadres et enfin sur la pertinence du schéma de jeu proposé.

Individuellement, un homme est évidemment à mettre en lumière: Wilfried Bony. Intelligent dans  ses déplacements, dans son positionnement et surtout réaliste devant le but, l’ex joueur de Swansea aura fait très mal à une défense algérienne peu à l’aise avec ce type d’avant-centre. Autour de lui, Gradel s’est énormément démené pour faire la décision avec une passe décisive en prime. Gervinho a marqué son but, mais beaucoup de déchets ont perturbé sa rencontre. La montée en puissance pour la demi finale ? Autre joueur majeur, Yaya Touré. Positionné plus bas, il a tenté d’organiser le jeu alors que son équipe n’avait presque pas le ballon. Sa passe décisive sur le second but est à signaler. Lui aussi monte en puissance pour la demi?  Aurier et Tiené ont apporté offensivement. Moins défensivement… Enfin belle activité de Dié, qui a semblé être le parfait complément de Yaya au cœur du jeu. Défensivement, Kolo Touré a tenu la baraque. Même si il n’a plus sa pointe de vitesse d’antan, il reste un sacré client en défenseur central. Mention spéciale à Gbohouo qui tenu son rang à la place de Barry.

En étant éliminés, il est difficile à sortir un algérien de cette évaluation. Si personne n’a fait tache, peu ou personne n’a surnagé. Soudani a planté un but mais son occasion manquée à deux mètres plombe son bilan du soir… Feghouli a paru bien moins en jambes que lors du premier tour. Mahrez est encore décisif avec sa passe décisive, mais que de déchets dans son jeu. On en attendait beaucoup, et on est déçu de la prestation de Brahimi. Capables d’éclairs de génie, il a semblé sur courant alternatif une partie de la rencontre. Néanmoins, il reste à créditer d’une note positive. Au milieu, Bentaleb a fait le boulot quand Taider a été submergé. Un dernier mot sur la défense qui a manqué de vivacité dans les moments clés. M’bolhi n’étant pas dans un grand soir, la sanction est logique pour cette sélection algérienne.

En affrontant désormais la RD Congo pour un billet en finale, la Cote d’ivoire a dans les mains une occasion en or d’écrire la plus belle page de son histoire. Attention tout de même à ne pas faire comme il y a 23 ans, ou ce même Congo avait éliminé… les ivoiriens. Un signe ou un présage…

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