Diego Forlan: « Comme l’Uruguay, le Canada doit continuer à travailler sur le développement de ses jeunes! »

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Second volet de notre série d’articles sur l’Uruguay avec Diego Forlan. 10 ans après une saison de rêve qui l’aura vu remporter la Liga Europa, la Supercoupe d’Europe en club et finir Ballon d’or de la Coupe du Monde 2010 avec en prime le plus beau but de la compétition, c’est un Diego Forlan toujours efficace et prolifique quand il s’agit de parler de sa passion qui a accepté par l’intermédiaire de son ami Sebastian Victorica de nous parler de sa nouvelle vie avec un regard sur l’évolution du football actuel.

Bonjour Diego, comment va la santé et comment se portent tes projets?

Je vais très bien, Dieu Merci. Je profite du temps de qualité avec ma famille. Je profite du temps libre chez moi en Uruguay.

Tu sors d’une expérience d’entraineur avec ton club de coeur, Le Club Atlético Peñarol alors selon toi, faut-il nécessairement avoir été un bon joueur pour faire un bon entraineur?

Pas du tout. Cela a déjà été prouvé. De plus, il y a de très bons entraîneurs qui n’ont pas joué au football (soccer) La liste est longue.

Eduardo Galeano le disait et Andres Fleurquin l’a confirmé : “Un homme peut changer de femme, de parti politique ou de religion, mais il ne changera jamais de club.” Qu’a représenté pour toi le fait d’entrainer ton club préféré?

Cela représentait quelque chose de très touchant. C’était un privilège d’avoir eu ma première expérience avec un club aussi réputé et dont j’étais fan.Ce fut une expérience inoubliable.

credits: Diego Forlan Facebook https://www.facebook.com/DiegoForlanOficial

L’année dernière, tu as été approché par Independiente en Argentine qui est le club où tu as débuté ta carrière professionnelle, pour prendre le poste de manager mais pourtant tu as décidé de revenir à Peñarol en tant qu’entraîneur. Est-ce toujours pour toi cet amour du maillot qui a influencé ta décision?

Les propositions m’ont été offertes à différents moments. J’ai d’abord reçu l’offre de Indepediente puis ensuite celle de Peñarol. Ma décision a été influencée par le fait que je voulais être un entraîneur et non un manager. Pour cette raison, le choix était vite fait et j’ai donc décidé d’être entraineur de Peñarol.

Tu fais partie de ces nombreux joueurs uruguayens comme Andres Fleurquin et Paolo Montero qui une fois qu’ils ont fini leur carrière ont choisi de contribuer au développement du football en Uruguay.  Comment évolue le football en Uruguay?

Comme partout ailleurs, ça évolue. Ce n’est pas facile mais lorsque c’est possible, on essaie de contribuer.

Il y a un fait que beaucoup de personnes ignorent. C’est que tu as failli jouer en France à Nancy. Un peu comme Andres Fleurquin, ton passage a été court. Peux-tu nous dire comment tu as vécu l’expérience?

C’est vrai, en 1996 j’ai voyagé à Nancy grâce à deux amis de mon père qui avaient joué en France. J’y suis resté deux mois et j’ai adoré cela. Ils m’avaient demandé à l’époque de rester et de jouer là-bas. Cela dit, ma famille et mon pays me manquaient. J’étais encore trop jeune pour m’établir aussi loin. C’est pourquoi je suis retourné en Uruguay.

Quelles sont selon toi les qualités du footballeur uruguayen? Et ses défauts?

Qualités: être un combattant et ne pas donner de balle perdue et ce, peu importe contre qui on joue.

Défauts: Dès le plus jeune âge, il faudrait commencer à travailler beaucoup plus sur la technique. Je mettrais l’emphase sur la qualité technique.

Tu restes dans la mémoire collective par de nombreux buts de grande classe marqués. Décris-nous ta méthode de travail quand tu étais joueur.

Ma méthode de travail était très simple, répéter, répéter, répéter… (Il insiste) Répéter autant les actions que je maîtrisais que celles qui me demandaient plus de travail pour m’améliorer. C’était beaucoup d’entrainement mais au final ça a payé.

Même retiré des terrains, Diego Forlan continue de s’entrainer quotidiennement

Nous rentrons dans une série de questions dans lesquelles tu dois répondre spontanément alors pour commencer qui est le meilleur joueur avec lequel tu as joué?

Sans hésiter…Paul Scholes! Il jouait où on lui demandait de jouer et il le faisait de manière spectaculaire.Il avait une technique exquise et j’en ai vu peu comme lui.

credits: Skysports

Le meilleur joueur contre qui tu as joué?

Il y en a beaucoup… Riquelme, Ronaldinho, Messi, Ronaldo, Cristiano Ronaldo, Zé Roberto, Neymar.

Le défenseur qui t’a posé le plus de problèmes?

Je dirais Fabio Cannavaro, Rio Ferdinand et bien d’autres défenseurs mais ce sont les premiers noms qui me viennent en tête.

Le ou les joueurs avec qui tu as eu la meilleure entente sur le terrain?

J’avais une complicité toute particulière avec Juan Roman Riquelme, Luis Suarez et Sergio Aguero!

Ton plus beau but marqué?

Heureusement il y en a eu plusieurs. Il y a eu des buts sublimes et il y a eu des buts importants.

Un des plus beaux buts fut contre l’Allemagne en 2010, but qui a remporté le prix du meilleur but de la Coupe du monde. Et un autre a été celui que j’ai marqué contre le Sénégal en 2002.

Diego Forlan: but contre l’Allemagne, Coupe du Monde 2010
Diego Forlan: but contre le Sénégal, Coupe du Monde 2002

Les buts importants étaient celui en finale de la Copa America 2011 et celui en finale de l’UEFA Europa League avec l’Atlético de Madrid.

Diego Forlan: 1er but contre le Paraguay, finale de la Copa America 2011
Diego Forlan: second but contre le Paraguay, finale de la Copa America 2011
Diego Forlan: but vainqueur, finale d’Europa League 2010 contre Fulham

As-tu un regret dans ta carrière?

Je n’ai aucun regret car je suis reconnaissant pour tout ce que j’ai vécu. Ça surpasse ce dont je rêvais quand j’étais enfant. Je me sens donc privilégié.

Avec quel entraineur as-tu aimé travailler?

Avec tous. J’ai eu la chance d’avoir de très bons coachs et de très bonnes personnes dans mon encadrement.

Au Canada, nous sommes en retard sur vous. Sur le plan de la culture football. Andres Fleurquin nous parlait du PROCESO de Oscar Tabarez. Toi qui a joué sous ses ordres décris nous son travail à la tête de l’Uruguay, travail qui a amené la 4ème place en Coupe du Monde et la victoire en Copa America?

Le secret c’est d’avoir du temps et que la personne qui entraine sache ce qu’elle fait, comment elle le fait et y mette beaucoup de travail.

Tu n’as pas toujours connu la réussite au cours de ta carrière. Mais tu as su rebondir quand il fallait. Qu’est-ce que ça prend mentalement et physiquement pour passer d’un espoir à Manchester United, à Pichichi de la Liga et Meilleur joueur de la coupe du Monde?

Cela demande du talent, beaucoup de travail, des sacrifices, de la persévérance, de la constance dans son jeu, savoir écouter, connaître ses limites et être réaliste sur ses objectifs. Il faut avoir une idée claire de ce que tu veux accomplir tout en visant des résultats objectifs et atteignables.

Si on jette un coup d’oeil au futur de la Celeste, la sélection nationale uruguayenne, quels sont selon toi les joueurs uruguayens à surveiller dans les prochaines années?

Il y en a plusieurs, je pense notamment à Mauro Arambarri milieu défensif de Getafe, Darwin Nuñez avant-centre formé au Peñarol et qui évolue au Benfica Lisbonne, Federico Valverde de Peñarol également qui joue comme milieu de terrain au Real Madrid, Maxi Gómez, l’attaquant de Valence et Facundo Torres, jeune attaquant espoir de Peñarol pour ne citer que ceux-là.

La MLS est-elle une destination possible pour un joueur uruguayen qui voudrait performer avec la CELESTE?

Bien sûr,c’est une ligue en plein expansion et qui a de grandes équipes, des bons joueurs, ce qui conduit à une bonne compétition. Globalement, c’est un très bel endroit pour jouer et vivre.

La devise nationale : « La liberté ou la mort » et l’hymne « La patrie ou la tombe ». N’est-ce pas là un peu ce qui caractérise la Garra du joueur uruguayen : être prêt à tout pour gagner?

Poser la question, c’est y répondre…je suis d’accord. C’est là-même notre essence, notre identité!

Que donnerais-tu comme conseil à un petit pays de football comme le Canada, s’il veut se qualifier pour la prochaine Coupe du Monde 2022 et réussir à bien performer à celle de 2026?

(Il coupe) Qui suis-je moi pour en parler? Sûrement pas la bonne personne et ce serait irrespectueux si je donnais des conseils par contre de ce que je vois, c’est que les choses se font bien puisque les équipes canadiennes évoluent déjà dans une bonne ligue qui grandira au fil des ans. C’est quelque chose de très bien et d’important. Nous devons en Uruguay comme ils doivent au Canada continuer à travailler sur les jeunes.

Et la traditionnelle question piège pour finir… préfères-tu gagner un derby contre le NACIONAL ou préfères-tu gagner une Champions League?

Je préfère TOUT GAGNER!!! Hahahaha!

Dans un autre ordre d’idées, sur le plan caritatif, tu t’inscrivais pour la lutte contre le surpoids et l’obésité infantile. Est-ce un fléau qui touche énormément la société uruguayenne?

C’est une menace qui touche tout le monde. C’est dû au type de nourriture que les enfants mangent. C’est primordial de les aider et c’est avec plaisir que je prête ma voix à ce combat.

credits: Squawka

propos recueillis par Freddy Amegavie, gracieuseté de Sebastian Victorica

Dans le cadre de mon livre « Chaque match a une histoire » à paraître bientôt et qui s’intéresse à la philosophie des entraineurs de football universitaire au Québec, je me suis intéressé à la société uruguayenne grâce à Sebastian Victorica. D’Andres Fleurquin à Diego Forlan, j’essaye de comprendre la dynamique d’un pays de 3 500 000 habitants, à exporter de nombreux joueurs sur la planète, détenir le record de Copas Americas et qui nous montre à chaque compétition que ce n’est pas la taille qui compte mais l’amour du maillot!