L’article « La langue anglaise et l’Impact de Montreal, vue d’un partisan anglophone » de Nick Paynter a suscité de nombreuses réactions sur la page Facebook du Kan Football Club. Voici la réponse publiée par Vincent Desmarais.


D’abord, Montréal n’est pas une ville bilingue, mais une ville francophone. Le fait qu’une grande partie des Montréalais parlent l’anglais n’a absolument aucun rapport avec les faits ainsi que votre argumentaire. La langue principale au Québec et officielle est le français, la seule et unique province à être officiellement bilingue est le Nouveau-Brunswick. Ceci dit, je suis bilingue et je suis pour les droits acquis dans Anglo-Québécois. Cependant, étant nationaliste québécois, ce texte, sincèrement, me dérange et je tenterais de déconstruire vos arguments.

D’abord, vous insinuez que Montréal est une ville fondée et constituée par les cultures anglaises, irlandaises, écossaises ainsi que françaises et vous critiquez l’approche francophone du club de la façon suivante : « L’équipe et les partisans se desservent en utilisant l’approche du français avant tout, et poussent une idée fausse de la ville et de l’équipe qui la représente. » D’abord, votre thèse historique est fausse. Montréal a été fondée sur une approche catholique et missionnaire à l’égard des Hurons et Algonquins qui s’y retrouvaient. Les vagues d’immigrations anglaises, irlandaises et écossaises suite à l’Acte d’Union (1840), ou lors de la Guerre d’indépendance américaine (Loyaliste) caractérisent en effet la communauté anglo-montréalaise.

Cependant, sur le logo du club, on y voit d’abord et avant tout le la fleur de lys. Ceci, d’un point de vue identitaire, définit complètement l’identité du club et la société distincte qu’est le Québec au sein du Canada. Ce fort sentiment identitaire québécois et francophone est l’une des raisons principales pour laquelle j’appuie l’Impact de Montréal. Loco Locass, à l’époque, arborait les maillots du club lors de leurs spectacles, ceci témoigne du sentiment identitaire profond du club pour la communauté canadienne-française ou québécoise. La fleur de Lys à l’avant-plan sur le logo vient littéralement de mettre de l’avant la culture francophone avant les cultures celtes et germaniques qui sont représentées sur le drapeau montréalais.

L’impact joue sur ce sentiment national en se procurant d’abord des joueurs francophones et en capitalisant sur le marché francophone pour vendre des billets. Ne nous comptons pas d’histoires, beaucoup d’anglophones ont des billets de saison et nous avons la même passion pour le club, mais le club semble moins intéresser la communauté anglophone que francophone. Les Alouettes, sur TSN 690, ont beaucoup plus de temps d’antenne et « ‘Les Als »’ sont supportés massivement et traditionnellement par la communauté Anglo-Montréalaise dans l’ouest de l’île.

En ce qui concerne les chants en anglais : C’est non! Sur le plan identitaire, cela irait contre le sentiment identitaire proposé par le club. Ce qui rend Montréal différent comme « Ville mondiale » c’est son aspect francophone et de proposer des chants en anglais irait contre la particularité francophone de la ville, contre les particularités culturelles et linguistiques québécoises et contre l’identité même que le club souhaite mettre de l’avant. Ainsi, si l’on se fie à vos arguments, aussi bien retirer le statut de « Ville mondiale » à Montréal, puisque vous souhaitez lui retirer son aspect culturel le plus important!

Toutefois, je suis d’accord avec vous sur le point de vue médiatique. Il est vrai que les partisans anglophones n’ont pas réellement de contenus anglos à se mettre sous la dent! Malheureusement, bienvenue dans la réalité canadienne et québécoise! Si l’on se base sur un simple bon sens économique, aucun média canadien-anglais (Sportsnets /TSN) n’aurait intérêt à proposer du contenu sur l’impact. D’abord, les cotes d’écoute seraient anémiques. De plus, 82 % des Québécois parlent le français comme langue principale. Bien que je sois bilingue, pourquoi est-ce que j’écouterais un show sur l’Impact en anglais alors que je peux l’avoir dans ma langue principale sur TVA Sports?

Ceci dit, si vous voulez contre-argumenter, libre à vous. Nous sommes deux partisans du club et nous partageons les mêmes passions pour le bleu-blanc-noir. Mais il me semble que vous mélangez des fausses thèses historiques ainsi qu’un faux portrait de Montréal et de la métropole québécoise en soit. Prétendre que Montréal est une ville bilingue, due au simple fait que l’Université McGill est prestigieuse et qu’elle caractérise la ville comme institution anglophone, me semble fallacieux. Peut-être, me direz-vous, mon allégeance nationaliste sur le plan politique me rend aveugle, mais je crois que votre simplicité, au sein de cet article, se devait d’être mise au point.

Merci, have a great day. (Franglais).


Cet billet a été rédigé par Vincent Desmarais.

Bio de Vincent: Étudiant en Droit à l’Université Laval.

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