La taxe à 75 % ! Vous avez certainement entendu parler de cette taxe sociale symbolique érigée un soir de mai par le Président « normal » français à ses concitoyens.

Cependant, ce symbole est vite devenu obsolète tant les « riches » se sont rebellés, les stars de cinéma ou de la chanson sont montées au créneau, il a fallu trouver une pirouette pour que le gouvernement ne soit pas ridicule face à cette annonce tonitruante. C’est donc les entreprises et non les personnes qui seront imputables à cette taxe de 75 %. Des entreprises dites-vous ? Pas seulement puisque le monde du sport sera aussi touché et plus particulièrement le football, car il n’y a que dans ce sport qu’on utilise l’argent comme on le ferait au Monopoly. Cette annonce a eu l’effet d’un tremblement de terre en France et les présidents des clubs professionnels de Ligue 1 et de Ligue 2 crient à l’injustice et menacent donc de faire une grève le 30 novembre.

Enfin, cette journée ne sera pas annulée, mais plutôt reportée et les présidents profiteront de cela pour faire des journées portes ouvertes afin d’expliquer leur choix à leur public. Pour conclure sur cette fameuse taxe les présidents s’insurgent également du fait qu’elle soit rétroactive.

Alors je vous propose dans cet article de faire un petit tour de la question afin qu’on puisse avoir toutes les cartes en main pour juger de cette action. En effet, pour ma part plusieurs questions me taraudent l’esprit : qui cela concerne-t-il vraiment ? Un club de football peut-il être considéré comme une entreprise ? Quels réels impacts sur le football français ? Quid de la gestion financière des présidents ? Dans un climat social tendu le football doit-il montrer l’exemple ? La rétroactivité de la taxe est-elle en trop ? Et plus encore.

1- Football français en grève : Qui est concerné par cette taxe à 75 % ?

Chers amis, n’ayez crainte, je crois bien que le football ne sera pas mis en faillite à cause de cette taxe. En effet, la taxe concerne 14 clubs de Ligue 1, aucun de Ligue 2, et « seulement » 120 joueurs de l’élite. Mais surtout sur les 44 millions de recettes que cette taxe va rapporter à l’État français 20 millions seront payés par le PSG. Ensuite, les clubs qui seront touchés sont : l’Olympique de Marseille (5,3 millions d’euros), l’Olympique de Lyon (4,9 millions), le Lille Olympique Sporting Club (4,8 millions), les Girondins de Bordeaux (3,3 millions) et le Stade rennais (2,1 millions), les 8 autres concernées paieraient moins de 1 million d’euros. Alors Messieurs les Présidents, vous qui nous annoncez un véritable scandale, une injustice, une mort annoncée du football français…

Finalement, cette taxe ne vous mettrait-elle pas devant vos responsabilités et une certaine réalité économique qui ne doit pas épargner le football ?

Alors peut-être qu’avant de faire des folies sur le salaire que vous pourrez donner à un joueur moyen vous y réfléchirez à deux fois. Certes, Messieurs les Présidents, je suis d’accord avec vous, un club de football est différent d’une entreprise lambda, il n’empêche que vous avez des salariés, des objectifs financiers et surtout une gestion et un management quotidien pour faire en sorte que votre club soit sain financièrement.

2— Football français en grève : Quels impacts pour le football français ?

Et que nous répondrez-vous, chers Présidents : que notre football va mourir, que notre compétitivité va en pâtir, que nous pourrions plus rivaliser avec les clubs anglais, allemands, espagnols ou autres ? Je vous répondrai dans un premier temps qu’en effet les prélèvements sociaux sont plus grands en France que partout ailleurs, cependant, Messieurs les Présidents, le football français n’a pas attendu cette taxe pour être sur le déclin. Dois-je vous rappeler que les clubs portugais ont de meilleurs résultats dans les coupes d’Europe que nos clubs français ? Dois-je vous rappeler que les clubs belges, ukrainiens, russes reviennent forts sur nous pour l’indice UEFA ? Alors non Messieurs, ce n’est pas cette taxe qui met en péril le football français, mais bel et bien un état d’esprit à remanier, une envie de gagner à remettre au goût du jour avec des valeurs telles que le courage, le don de soi, le dépassement qui doivent se ressentir sur le terrain.

Les dessins d'actualité de l'illustrateur Hervé Baudry. Credit Photo : Hervé Baudry
Les dessins d’actualité de l’illustrateur Hervé Baudry.
Credit Photo : Hervé Baudry
http://blogs.rue89.com/baudry/2013/04/02/taxe-75-les-clubs-de-foot-aussi-230017

3— Football français en grève : Le football doit-il donner l’exemple ?

Nous cherchons des excuses venues de nulle part : un calendrier trop chargé (dois-je vous rappeler qu’en Angleterre il est programmé 3 journées en l’espace d’une semaine durant la période de Nöel), un manque de moyens, des arbitres trop durs… bref tout pour se cacher derrière une vérité qui fait mal : les équipes françaises stagnent et se complaisent dans leur « non-envie » de jouer au football. Chers présidents, vous mettez en exergue le fait qu’avec cette taxe vous aurez encore moins de moyens pour recruter ou pour garder vos jeunes joueurs talentueux et que de ce fait le public vous en voudra ou carrément qu’il ne viendra plus au stade. Mais peut-être que ce n’est pas le cas, peut-être que le public attend autre chose, qu’à défaut d’avoir de grands joueurs, ils attendent peut-être de la détermination, de la communion, de l’envie…

Prenez exemple sur Guingamp ou Nantes qui cette saison font de grandes choses avec peu de moyens, mais un état d’esprit tourné vers le beau jeu avec beaucoup d’abnégation.

Depuis 2010, le football français est en crise de « popularité » avec son public. Je n’ai pas à vous rappeler le désastre de Knysna, suivi de l’épisode Nasri en 2012, les espoirs qui sortent en boite de nuit et pour finir tout fraichement le monologue de Patrice Evra plein de sympathie envers certains consultants radio ou télé. Alors, Messieurs les Présidents, auriez-vous la bonne idée de ne pas vous mettre votre public à dos avec cette grève annoncée ? Et puis, ne serait-ce pas une bonne idée que le football puisse montrer l’exemple dans la conjoncture économique actuelle pour dire à ses supporters que vous êtes à leurs côtés, que vous les comprenez et que pour ceux qui payent les places plus de 50 € que vous n’allez pas pleurer pour cette petite taxe ?

4— Football français en grève : La rétroactivité de la taxe est-elle en trop ?

Cependant, il y a bien une seule chose sur laquelle je suis d’accord avec nos chers Présidents, c’est la notion de rétroactivité de cette taxe. En effet, le gouvernement a eu la bonne idée de tirer le maximum de profit sur le dos de nos clubs de football et je dois avouer que c’est peut-être pour cela que cela n’est pas bien passé pour nos chers dirigeants de club.

Mais je vais terminer quand même sur une bonne note en vous disant que des réunions sont prévues entre les représentants du foot français et le gouvernement pour trouver une solution à ce conflit. Alors, espérons que cette « grève » annoncée ne soit qu’un lointain souvenir au 30 novembre prochain.

Cet article a été rédigé par Julien de l’émissions Soccer Sans Frontières. Nous l’en remercions.