La nouvelle a fait l’effet d’une bombe : Zinedine Zidane prend la suite de Rafael Benitez à la tête du Real Madrid. On savait bien que le poste du coach espagnol était en sursis depuis quelques semaines, les mauvaises langues diront que cela était le cas dès son intronisation en juin dernier… Les raisons de ce limogeage sont multiples. Cependant, il convient de préciser que seulement deux facteurs ont joué en sa défaveur. Le premier est sa relation particulièrement fraîche avec le vestiaire et ses cadres. Le second est évidemment certains résultats décevants accompagnés d’un style de jeu qui ne correspond pas à l’image de marque du club madrilène.

Un bilan loin d’être négatif

Avec 36 points au compteur en 18 matchs de Liga, le Real Madrid ne réalise pas une saison horrible. Meilleure attaque de Liga avec 45 buts marqués, la Maison Blanche est également l’attaque la plus prolifique de la Ligue des Champions. Troisième à quatre points du premier, rien n’est perdu pour cette équipe. En tout cas, factuellement. Avec des cartons 10-2 face au Rayo Vallecano ou le 8-0 face à Malmo, cette équipe a démontré que son pouvoir offensif n’était pas une légende. Alors pourquoi dans un tel contexte, sacrifier le coach ? Malgré les déclarations de façade, le vestiaire ne supportait plus Rafa Benitez. Ses choix tactiques mais également sa manière de gérer les égos surdimensionnés ont été les facteurs déclenchants de ce limogeage. En essayant de changer les habitudes de jeu de Modric, Ronaldo ou James, le tacticien espagnol ne s’est pas fait que des amis. Pire, après la fessée reçue face à Barcelona, l’exigeant public de Santiago Bernabeu a pris en grippe Benitez. Sans réel relais au sein même du club, il devenait le fusible idéal. La relative contre-performance à Valencia (2-2) lui aura été fatal. La suite ? Tout le monde la connait…

Un successeur énigmatique

On ne reviendra pas sur le passé de joueur de Zidane car cela n’est pas le sujet de ce papier. On s’attardera beaucoup plus sur son profil d’entraîneur. Depuis l’arrêt de sa carrière, un soir de juillet 2006, ZZ a pris son temps. Il n’a pas été spontanément vers la fonction de coach comme Deschamps ou Blanc. Il a laissé cette dernière venir à lui. Réticent puis interrogatif et enfin motivé, il a procédé lentement mais surement vers le diplôme d’entraîneur. Lorsque certaines anciennes grandes gloires profitent de leur notoriété pour rapidement obtenir les diplômes requis, lui a scrupuleusement respecté les étapes afin d’acquérir les compétences pas à pas. Puis, il a intégré le staff de Mourinho, est devenu l’adjoint de Carlo Ancelotti pour enfin prendre le poste d’entraîneur de la Castilla. Naturellement, la suite logique était le poste de coach titulaire. Ce qui l’est peut-être moins, c’est l’identité de ce premier club. Très peu de techniciens ont hérité d’une puissance comme le Real Madrid pour leurs premières expériences sur un banc de touche. Forcément, on est interpellé et curieux de le voir à l’oeuvre.

Rien à perdre ou Tout à gagner

Dans cette situation étrange, la pression est forte sur les épaules de l’ex Ballon d’Or 1998. Car les objectifs du Real sont toujours les mêmes depuis plus d’un siècle : Remporter chaque compétition disputée. De ce point de vue là, difficile d’échapper à la tension. Cependant, hériter de la situation de Benitez est un semi cadeau. Explication ; Si Zizou ne remporte pas de trophée et qu’il fait terminer son équipe dans les trois premiers, alors son bilan sera jugé comme positif car il n’était pas le responsable technique en début de saison. Dans le cas inverse, il serait considéré comme un dieu car cela signifierait qu’il ait totalement inversé la tendance. Une sorte de rien à perdre ou tout à gagner en quelque sorte. Enfin, si le crédit accordé est substantiel, il ne sera pas non plus illimité. En cas d’élimination précoce en Champion’s League, ou d’une place hors du podium, il y a fort à parier que l’opinion publique réclamera la tête de ZZ.

Des précédents risqués

Samedi soir, les joueurs ont donné de premiers éléments de réponse au sujet de l’adhésion autour du coach. Gareth Bale que l’on décrivait comme triste du départ de Benitez a semblé radieux sur la pelouse. Benzema a une nouvelle fois démontré toute l’étendue de sa classe, l’équipe a semblé cohérente de la première à la dernière minute de la rencontre. Afin d’affermir sa position, Zidane aura besoin de quelques signes forts. Une victoire symbolique, un choix de joueurs fort ou juste des victoires acquises avec la manière. Dans l’histoire récente, un seul grand joueur offensif a été un grand entraîneur, Johan Cruyff. Dans le même temps, Zico, Maradona, Platini ou même Van Basten se sont heurtés aux exigences du poste. Un grand joueur ne fait obligatoirement un grand coach, et inversement. Malgré tout ce qu’il a pu amasser comme information depuis plusieurs années, seul le terrain jugera le niveau de coaching de Zidane. Florentino Perez veut en faire son Pep Guardiola madridiste. Choix respectable et compréhensible mais particulièrement risqué.

Zizou a six mois devant lui pour démontrer toute l’étendue de ses qualités de coach. Le challenge est grand et passionnant. Si le succès est au bout, Zidane sera au début d’une carrière palpitante avec de nombreux défis à relever. En cas d’échec, la chute sera dure et cruelle car elle n’épargnera pas le passé du joueur. Il est peut-être là, le vrai challenge de ZZ; Arriver à dissocier le joueur génial qu’il était du nouveau coach qu’il est pour enfin faire prendre conscience au monde du Football, que désormais Zidane est un coach, et de qualité, ni plus ni moins…